À l'occasion de la rencontre "Transhumanisme : rêve ou cauchemar" avec Axel Kahn, l'écrivain Enki Bilal, auteur de la trilogie du Coup de sang (Casterman) s'est prêté au jeu des "3 questions à" du CNL.
1) En quoi l'acte de créer peut-il contrebalancer le pouvoir de la machine ? L'acte de créer peut orienter la notion de machine, comme un grain de sable peut l'altérer. Il peut induire surtout la prise de conscience de l'humain par rapport à la machine et tirer une sonnette d'alarme. La création est une sonnette d'alarme dans ces cas-là car la machine a son autonomie et a le pouvoir de fabriquer des petits. Dans tous les cas, elle pourra en faire c'est certain.
2) Quelle est votre idée du Beau ? C'est la pureté planétaire, tout ce qui compose notre planète, les éléments. Le ciel, l'eau, l'air, le son, mais aussi le son de la nature, représentent à mon avis ce qu'il y a de plus beau aujourd'hui. Cela implique les formes, les couleurs, l'harmonie. On est vraiment des petits nains à côté.
3) Quelle littérature vous inspire en ce moment ? C'est la littérature du chaos social qui se profile sur la Terre. On ne connaît pas l'auteur, il s'agit plus d'une conjugaison de tout ce qui amène un monde à se terminer, pas le monde mais un monde. Cette forme de littérature quotidienne rejoint le journalisme, mais même le journalisme est en train d'être dépassé. Donc, c'est quelque chose que chacun perçoit à sa manière, comme une compilation de toute la littérature, l'humain, l'autofiction, l'analyse géopolitique, c'est la prospective, comme une espèce de maelström humain puisque nos sens sont aiguisés à tous les niveaux. Et il faut faire le tri là-dedans. On aurait de quoi écrire un gros bouquin du genre "La fin d'un monde et l'ouverture sur un autre". |